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jeudi 14 mars 2013

Quand l'Empire dénonce la Résistance



Dans cet entretien du 7 mars 2013 dans l'émission de radio Les Matins de France Culture, que certains pourraient tout de suite zapper car clairement "anti-complotiste", l'universitaire Gérald Bronner révèle implicitement comment le Système tente de comprendre ses opposants, sans doute pour mieux les contrecarrer par la suite.

C'est la raison pour laquelle il est instructif d'écouter cette émission, où Gérald Bronner fait la promotion de son livre La démocratie des crédules, afin de mieux cerner les intentions sous-jacente.



LA CROYANCE AU DÉTRIMENT DE LA CONNAISSANCE

L'universitaire commence sur une base plutôt factuelle, plutôt consensuelle. Depuis l'avènement d'Internet, nous croulons sous la quantité d'informations, et cela va en s'empirant de façon exponentielle.

De plus, nous assisterions à une démocratisation des points de vue. Alors qu'auparavant seul un petit nombre d'individus pouvaient donner une opinion à travers les journaux, aujourd'hui, chacun peut désormais proposer des idées, donner son avis sur le marché des idées, et au pire peut cliquer sur le bouton J'aime dans Facebook.

C'est à partir de ce moment que Bronner développe le premier axe de sa thèse. Selon lui, nous cherchons préférentiellement des informations qui confirment nos convictions et nos croyances. C'est ce qu'il désigne par la notion de biais de confirmation. Nous aurions tendance à fréquenter des sites qui sont en conformité avec nos convictions.

Bronner indique que le principal enjeu dans ce marché des idées est celui autour des indécis qui sont à priori ni croyants ou non-croyants. Pour cet indécis, il prend l'exemple d'une recherche sur Google au sujet de l'astrologie. Ceci amènerait comme résultat que 90% des 30 premiers liens renvoyés seraient des sites favorables à la croyance. Autrement dit, sur thèmes liés à une croyance, les croyants l'emporteraient en nombre de sites sur les non-croyants.

Ce phénomène viendrait du principe de l'algorithme de Google, le PageRank qui est un classement de la popularité d'un site selon son référencement. Mais cet algorithme a pour effet pervers de favoriser un site d'autant plus qu'il est populaire. En effet, plus un site est populaire, plus il va être haut dans la hiérarchie de Google, ce qui aura pour conséquence que les autres sites feront davantage référence à lui augmentant ainsi sa popularité et ainsi de suite. Ce phénomène de rétro-action positive de la popularité, cet effet boule de neige, est à l’œuvre dans de nombreux domaines, et notamment dans l'économie avec la fameuse loi de Pareto. Il se trouve qu'ici, pour une fois, cela ne sert pas l'Empire.

Enfin, ce marché des idées étant d'abord un marché de l'offre, Internet relayerait plus facilement les idées des offrants à savoir des croyants car ceux-ci sont plus motivés que les non-croyants pour publier sur Internet.
C'est donc en cela, grâce à la conjonction de ces trois facteurs, à savoir l'inclinaison de chacun à conforter ses propres opinions, la popularité des sites de croyance par effet boule de neige et la motivation supérieure des croyants par rapport aux non-croyants, qu'Internet en tant que gigantesque marché des idées désorganisé, favoriserait la croyance plutôt que la connaissance.

La faille dans le raisonnement de Bronner est qu'il est rare que l'internaute lambda tape des termes comme "astrologie" ou "télépathie" pour s'informer sur l'actualité. Il aura plutôt tendance à visiter les sites généralistes d'information comme Le Monde ou Le Figaro. Il suffit de consulter la liste de principaux sites d'information en français pour s'en convaincre. Et bien évidemment, aucun des trente principaux sites d'information ne remettent en cause la version officielle du 11 septembre.


LES LIMITES DE L'ARGUMENTATION INFORMELLE

Le deuxième axe de la thèse de Gérald Bronner, moins factuel et plus idéologique, repose sur les limites du débat informel.

Tout d'abord, il évoque le fait qu'il est plus difficile de prouver la non existence de quelque chose que de prouver son existence. Il est en effet plus facile de montrer que le cheval existe alors qu'il est impossible de démontrer rigoureusement que la licorne n'existe pas, tout comme le monstre du Loch Ness ou d'autres créatures mythiques.

Ensuite, il engage la discussion sur les complotistes avec notamment le cas du 11 septembre. C'est à ce moment que Bronner avance le concept de mille-feuille argumentatif pour justifier la persistance des doutes de certains sur la version officielle du 11 septembre. Contrairement à d'autres théories beaucoup plus spéculatives comme celles évoquant les liens entre le Ku Klux Klan et la société Marlboro, les sceptiques de la version officielle du 11 septembre ont plus d'une centaine d'arguments à faire valoir. Ceci relèverait selon Bronner de l'intimidation argumentative.

Dans un débat entre un partisan et un opposant de la version officielle du 11 septembre, l'indécis sera plus enclin à croire à l'opposant à la version officielle car ce dernier a plus d'argument. Cela semble logique et plutôt sain que celui ayant le plus d'argument, et non des moindres, soit le gagnant d'un débat. Mais pas pour Bronner qui considère implicitement qu'il s'agit de la triche voire de l’esbroufe pour impressionner son interlocuteur. L'universitaire partant du postulat que la version officielle du 11 septembre étant véridique sous-entend qu'avoir plus d'arguments n'est pas donc un gage de vérité. Il appuie son propos en affirmant, sans preuve évidemment, que pris un par un, les arguments des "complotistes" sont tous faux. Il faut le croire sur parole bien entendu. Nous devrons nous passer d'une quelconque démonstration.

Il emploie aussi le terme de rémanence de l'information pour parler qu'un fait erroné et démenti puisse continuer de circuler sur la toile. Et il prend le cas du vaccin de la rougeole. Un article négatif envers ce vaccin serait paru dans une revue scientifique puis aurait été démenti dans un autre article de la même revue quelques temps après. Néanmoins, selon les termes employés, le mal était fait, à savoir, une partie de l'opinion est devenue méfiante envers ces vaccins qui nous sont présentés comme inoffensifs et très efficaces, même si on oublie souvent de nous préciser les bénéfices que cela génère pour l'industrie pharmaceutique au frais du contribuable et les risques parfois mortels de ces produits. Mais, sur le fond de ce concept de rémanence de l'information, ce que ne suggère pas une seule seconde Gérald Bronner, c'est que si certaines idées persistent sur Internet, c'est peut-être aussi parce qu'elles sont vraies tout simplement...

Mais non, pas pour ce monsieur décidément plus savant que nous. Selon lui, la faute est à chercher ailleurs. Cela serait du à l'accélération du traitement de l'information qui serait telle que la science n'a plus le temps de valider des informations au point de transformer, dans certaines circonstances, nous ne saurons pas lesquelles, la sagesse des foules en déraison des foules ce qui sans en avoir l'air remet pratiquement en cause le concept de démocratie.

Il rêve en fait d'un le système de technocrates qu'il évoque avec son Ordre des journalistes à l'image de l'Ordre des médecins qui trierait la bonne information de la mauvaise. Non merci. Monsieur Bronner, vous pouvez garder votre idée pour vous.


COMPLOTISME & SENSATIONALISME

Le troisième axe de la thèse de Bronner, beaucoup plus faible que les deux précédents, est qu'il assimile le complotisme avec le sensationalisme ou l'effet de buzz. Et pour cela, il prend l'exemple du pasteur Terry Jones qui avait brûlé un exemplaire du Coran provoquant de violentes protestations dans divers pays comme la Libye ou l'Egypte. Certes, les pressions concurrentielles des médias dominants, guidés par l'appât du gain, font que ceux-ci n'hésitent plus à diffuser n'importe quelle information sans aucune vérification. Les exemples sont légions et feront l'objet d'un article ultérieur. Mais il est difficile ici de comprendre le lien que tente de faire l'universitaire entre des pratiques journalistiques décadentes et ceux qui sont appelés péjorativement les "complotistes". Ce qui est drôle est qu'il prend l'exemple de la fille cachée de Mitterrand, complot s'il en est, pour dire qu'aujourd'hui, cela ne serait plus possible. Rien n'est moins sûr comme va le montrer l'exemple suivant pourtant nié par les journalistes de l'émission.

L'autre exemple qui est prit, plus en rapport avec le sujet, est l'affaire Allègre / Baudis qui aurait été initiée fallacieusement par les réseaux sociaux et Internet mais qui n'aurait été qu'une affabulation abracadabrantesque. C'est comme les rumeurs de partouzeur à propos de DSK avant qu'il ne viole la femme de chambre à New-York et l'affaire du Carlton. Heureusement que nous n'avons pas eu à compter sur les copains de DSK et autres obligés de la presse pour que le public connaisse la vérité sur ce personnage dégueulasse qui aurait pu devenir Président de la République...

Donc Bronner se trompe encore une fois de cible. Ce ne sont pas les "complotistes" le problème, mais bien de la presse soumise qui empêche les français d'être correctement informés.


CONCLUSION

Voilà donc encore un discours qui doit faire plaisir aux seuls journalistes professionnels dans la lignée du reportage de Caroline Fourest intitulé Les Réseaux de l'Extrême diffusé le 5 février 2013.

Sa démarche est néanmoins moins grossière que celle de la lesbienne activiste payée par le contribuable. Il y déploie un minimum de concepts qui pourrait tromper certaines personnes. Mais au final, ce qu'il dit doit être compris comme une tentative de décryptage des outils de la dissidence, afin de permettre au Système de mieux les contrer.

En effet, sous un verbiage intellectualiste, Gérald Bronner sert une nouvelle attaque en règle envers les résistants sérieux au Système automatiquement disqualifiés sous le terme de "complotistes" et amalgamés sans distinction avec les faiseurs de buzz pré-pubères et autres amateurs d'informations people.

Il souhaite à travers son exposé nous faire croire que les médias et les journalistes font correctement leur boulot, même si des fois, ils sont parfois tentés par le sensationalisme, mais jamais par les conflits d'intérêts et encore moins par la soumission. Il nie donc totalement l'influence des puissances de l'argent et des politiques, qui en dernière instance sont sous le contrôle du Capital également.

Cet universitaire ne semble en fait pas comprendre que lorsque nous sommes inondés par la bien-pensance et la désinformation à travers des officines du pouvoir comme Le Monde, Le Figaro, l'Express, etc, il devient urgent de trouver d'autres relais d'information voire de ré-information. Mais cet individu enfermé dans sa vision du monde très étriquée et faisant une confiance aveugle à la presse orthodoxe, aura du mal à s'en rendre compte. Il continuera à débiter ses âneries dans des médias subventionnés par nos impôts, malgré nous.

Enfin, puisque casser du "complotiste" semble être devenu le nouveau mot d'ordre parmi les journalistes aux ordres, il ne serait pas étonnant de voire de nouvelles émissions ou ouvrages sur ce sujet dans les semaines à venir. Peut-être s'agit-il d'une préparation des mentalités pour des lois liberticides et la censure sur Internet ? Mais si nous nous risquions à ce genre d'hypothèse, que nous serions certainement accusés de complotistes n'est-ce pas ?

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